« Les jeunes et les femmes éprouvent des difficultés à entreprendre », en raison du poids de certaines normes culturelles encore très influentes dans plusieurs régions du pays. Cela a été soulevée lors d'une séance de vulgarisation organisée ce jeudi 10 juillet 2025 par le Ministère des Affaires de la Communauté Est-Africaine, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, en collaboration avec le Programme d’Autonomisation Économique et Emploi des Jeunes (PAEEJ) et l’Université du Burundi.
Cette séance de vulgarisation a porté sur une étude anthropologique consacrée aux croyances et pratiques traditionnelles qui freinent l’entrepreneuriat inclusif et la transformation économique au Burundi.
Hassan Kibeya, représentant du PAEEJ, a souligné que l’étude, menée dans des zones à forte tradition du Burundi, met en évidence une double réalité : si les croyances traditionnelles constituent un pilier de l'identité burundaise, elles peuvent aussi devenir un frein à l’innovation, restreindre l’accès aux opportunités économiques et marginaliser certains groupes, notamment les femmes et les jeunes.
L’assistant du ministre chargé de la Jeunesse Hussein Ndagije a confirmé que ces croyances et pratiques traditionnelles continuent d’entraver l’émergence d’un entrepreneuriat véritablement inclusif et freinent la dynamique de transformation économique du pays.
Selon lui, bien que ces pratiques aient contribué à façonner l’histoire, l’unité et la résilience du Burundi, elles constituent aujourd’hui un obstacle à l’épanouissement économique. Il a particulièrement insisté sur leur impact négatif sur le potentiel entrepreneurial des jeunes, et surtout des femmes, dont la participation à la vie économique reste limitée.
« Le Burundi possède une jeunesse talentueuse qui, en libérant son énergie créatrice, peut bâtir une économie inclusive, où l’unité nationale rime avec prospérité », a-t-il affirmé.
Il a salué la qualité et le courage de l’étude, qui ose aborder de façon lucide un aspect souvent tabou, mais fondamental, du système entrepreneurial burundais. Certaines normes sociales continuent, en effet, de restreindre la participation des femmes à l’entrepreneuriat. Il devient donc impératif de reconsidérer ces influences culturelles, afin de valoriser l’héritage traditionnel tout en offrant aux jeunes les moyens de réussir dans un monde en constante mutation.
Conscient du potentiel immense de sa jeunesse, le gouvernement du Burundi a déjà initié des partenariats avec divers acteurs techniques et financiers pour développer des programmes d’accompagnement et d’appui. Des structures telles que le PAEEJ, la BIJE (Banque d’Investissement pour les Jeunes Entrepreneurs) et le BIDF (Banque d’Investissement pour le Développement Féminin), en sont des exemples concrets.
L’entrepreneuriat des jeunes est aujourd’hui considéré comme un levier stratégique de transformation économique. Il favorise l’innovation, la création d’emplois, la réduction des inégalités et renforce la résilience du pays. Pourtant, sa pleine expression, notamment dans sa dimension inclusive, reste confrontée à des obstacles invisibles mais puissants, ancrés dans les mentalités.
Hussein Ndagije les a encouragés à devenir les bâtisseurs du Burundi de demain
« Vous n’êtes pas le problème, vous êtes la solution », les invitant à devenir les artisans d’une transformation culturelle, en montrant l’exemple sans renier leurs racines.
Enfin, il a exhorté les communautés à transformer les coutumes en leviers de développement, afin que le Burundi devienne une nation où tradition et modernité se complètent harmonieusement.« La jeunesse en est la force motrice », a-t-il conclu.
HAVUGIYAREMYE Dieudonné